16/08/2022 10:36

| AFP

| 744

|

Aucun vote sur ce message

Kevin Kendall arrête son véhicule à la seule station-service d’hydrogène vert de Birmingham, dans le centre de l’Angleterre, et fait le plein de ce carburant entièrement issu de sources d’énergie renouvelables.

Ce gaz, l’élément le plus léger de l’univers, fait l’objet de toutes les attentions au Royaume-Uni, qui tente de sécuriser son approvisionnement énergétique depuis l’invasion russe de l’Ukraine et en pleine urgence climatique suite aux records de mercure de cet été.

Hydrogène vert, bleu, gris…

Hydrogène vert, bleu, gris...

Mais il n’y a pas foule à la pompe, qui ressemble à celles qui distribuent l’essence. L’économie de l’hydrogène n’en est qu’à ses balbutiements même si ses acteurs espèrent qu’elle s’imposera un jour dans des secteurs très polluants comme la sidérurgie ou l’aéronautique.

Prix ​​pour faire le plein de la Toyota Mirai du professeur : 50 £ (environ 60 euros), moitié moins que pour un véhicule diesel de même gabarit, grâce à la hausse des prix des hydrocarbures avec la guerre en Ukraine.

Malgré ces prix bon marché, le pays ne compte qu’une dizaine de stations-service. « Il y a très peu de production d’hydrogène vert au Royaume-Uni pour le moment », a déclaré à l’AFP M. Kendall, professeur de génie chimique, qui se féliciterait que le gaz « aille de l’avant ».

Il a lancé une petite entreprise appelée Adelan avec sa fille Michaela, qui fabrique des piles à combustible, un appareil qui convertit l’énergie hydrogène en électricité, depuis 26 ans. C’est le processus utilisé pour alimenter la voiture de M. Kendall, par exemple.

Le problème est que l’hydrogène est difficile à trouver. L’élément le plus abondant sur terre n’existe pas à l’état pur, mais se trouve enfermé dans l’eau et les hydrocarbures comme le gaz naturel.

L’hydrogène vert est produit par électrolyse, c’est-à-dire la séparation de l’oxygène et de l’hydrogène de l’eau à l’aide d’électricité, elle-même obtenue à partir de sources d’énergie renouvelables.

Il existe d’autres procédés de fabrication beaucoup plus courants, mais ils émettent des gaz à effet de serre, comme de l’hydrogène « gris » issu du gaz naturel ou encore « bleu » selon la même technique, combiné à un captage d’une partie du CO2.

« Balbutiements »

« Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, l’hydrogène vert est devenu de plus en plus attractif » car il pourrait résoudre la difficile équation entre sécurité énergétique, prix abordables et développement durable, a déclaré à l’AFP Minh Khoi, responsable de la recherche sur l’hydrogène chez Rystad Energy.

Par exemple, l’Union européenne, qui est contrainte de réduire sa consommation de gaz de 15 % pour compenser la réduction des approvisionnements russes, tente également d’augmenter significativement ses approvisionnements en hydrogène vert.

De son côté, l’exécutif britannique, qui vise la neutralité climatique d’ici 2050, estime que 9 milliards de livres sterling d’investissements seront nécessaires « pour faire de l’hydrogène la pierre angulaire » de son plan de verdissement du pays.

Dans ce contexte, dix nouvelles stations hydrogène verront le jour à Birmingham dans les années à venir, après que 120 bus devraient démarrer l’année prochaine avec ce carburant.

Des employés testent des piles à combustible dans l’atelier d’Adelan à Birmingham, un bâtiment en briques très anglais au milieu d’un quartier résidentiel. Ceux-ci ne sont pas destinés aux voitures, mais sont destinés à remplacer les générateurs diesel.

La PDG de l’entreprise, Michaela Kendall, supervise les travaux. « Il faudra du temps » pour voir vraiment le potentiel de l’hydrogène se développer, estime-t-elle, car ce marché n’en est « qu’à ses balbutiements ». Elle pense que les hydrocarbures ont encore de beaux jours devant eux.

Étant donné que la pile à combustible d’Adelan est conçue pour fonctionner à l’hydrogène, elle peut également fonctionner avec des carburants à base d’hydrocarbures, qui sont davantage utilisés car « ils sont plus facilement disponibles en ce moment », explique Michaela Kendall. L’entreprise s’approvisionne principalement en biocarburants.