Lorenzo est un télétravailleur accompli. Depuis vingt ans, il travaille comme consultant informatique depuis son domicile près d’Arras. Loin, très loin de la tour de La Défense où se situe son entreprise. Une « possibilité » selon ce père de famille qui ne regrette qu’une chose : ne pas voir plus souvent ses collègues.

Mais ce qu’il y gagne l’emporte haut la main : « J’allais à Paris tous les jours. Départ à 6h20, retour à 20h00 et entre deux à quatre heures et demie de transport aller-retour. Aujourd’hui, je suis beaucoup moins fatiguée, je suis donc plus efficace et j’ai plus de temps pour ma vie personnelle. Ma journée de travail est terminée, je peux prendre mon vélo et faire du vélo pendant deux ou trois heures, bricoler, jardiner, faire des courses… »

Rapidement imposé pour la première fois par la crise du Covid, le télétravail partiel ou complet est devenu une réalité pour une part croissante des salariés. « Le confinement a été une expérience de télétravail grandeur nature et a mis en lumière les opportunités et les menaces qu’il représente », constate Caroline Diard, enseignante-chercheuse en gestion des ressources humaines et droit à l’École supérieure de commerce d’Amiens.

45 % des télétravailleurs en détresse psychologique

Chance ? Du côté des salariés, une amélioration de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, des horaires plus flexibles, des temps de trajet réduits. Du côté de l’employeur, des employés plus productifs et des coûts d’exploitation réduits. Quant aux menaces, elles sont désormais bien identifiées : isolement, difficulté à se déconnecter, sédentarité… Et toute une constellation de douleurs qui sont regroupées sous un seul acronyme : DMS, pour troubles musculo-squelettiques.

« Après un accouchement, de nombreux salariés se sont plaints de maux de dos, de migraines, de raideur de nuque, se souvient Caroline Diard. Non seulement ils n’étaient pas toujours bien installés chez eux, mais ils ne se rendaient plus au travail à pied matin et soir. Cela a eu un impact sur leur forme physique et mentale, car ce chemin sert également de chambre de décompression. Par conséquent, ils ne se déconnectent jamais. « 

De quoi nourrir chez certains un sentiment d’épuisement ou de mal-être. Selon la dixième vague du baromètre sur l’état psychologique des salariés, publiée en juillet dernier par la société Human Footprint, le phénomène n’est pas négligeable puisque 45 % des télétravailleurs sont en détresse psychologique. Les plus vulnérables seraient les femmes, les managers (qui peinent à gérer des équipes dispersées et à insuffler une dynamique collective) et les jeunes de moins de 29 ans.

Les jeunes et le télétravail, pas si évident

Les jeunes et le télétravail, pas si évident

Paradoxe, les générations Z et Y sont celles qui préfèrent le plus le travail à distance. « C’est même devenu un critère de choix dans une offre d’emploi », observe Caroline Diard, pour qui « la crise sanitaire a réveillé en eux une quête de sens, avec l’idée que le travail ne doit pas se faire au détriment de la vie personnelle ». Reste que ces salariés qui débutent leur vie professionnelle ne sont pas les mieux armés pour naviguer seuls.

« On l’a vu pendant les confinements, certaines personnes souffrent plus du télétravail que d’autres, notamment celles qui se retrouvent dans des situations précaires, comme c’est souvent le cas chez les jeunes », explique Sophie Prunier-Poulmaire. En plus de vivre la plupart du temps dans de petits logements inadaptés au télétravail, ils se retrouvent à un moment où ils ont besoin d’être encouragés et accompagnés. Observer ses pairs, entendre le voisin de bureau résoudre un problème, poser spontanément une question apparemment idiote : c’est aussi dans ces moments informels que l’on apprend, s’illustre. Et surtout, c’est ce que fait la magie du travail, où se nouent des relations sociales fondamentales pour notre équilibre psychique et psychologique. « 

Pour la psychosociologue Sandrine Vialle-Lenoël, la vigilance doit être d’autant plus grande que derrière un télétravailleur heureux, se cache parfois une personne dépressive qui n’en a pas conscience. « Cela se fait parfois à l’insu du salarié lui-même, qui peut trouver un certain confort dans son travail et ne se rend pas compte qu’après tout, l’autre lui manque. Sans s’en rendre compte, il glisse peu à peu dans un état dépressif et compense en travaillant plus dur, au risque de se renverser », décrit ce spécialiste des risques psychosociaux, dont les patients adoptent parfois « des comportements étranges et ne se reconnaissent plus ». . C’est le signe que quelque chose ne va pas. »

D’où l’importance de continuer à partager des moments « en tête à tête », insiste-t-il : « Il y a des choses qu’on ne voit pas, même en visioconférence, où on a tendance à se focaliser d’abord sur la voix. Un collègue légèrement pâle qui a pris ou perdu du poids peut être vu à la machine à café, mais pas nécessairement à travers un écran. « 

Des risques insidieux

Désormais, les spécialistes s’accordent sur la nécessité d’équilibrer le télétravail, en le limitant à deux ou trois jours par semaine. C’est aussi le modèle qui convient à la plupart des salariés que Pierric Masuy reçoit pour des visites d’information et de prévention. « Comme souvent en santé, le danger réside dans les excès, souligne cette infirmière du travail au sein de l’AIST 84 (Association interentreprises pour la santé au travail du Vaucluse). Deux jours à la maison, trois jours au bureau, c’est avoir tous les avantages du télétravail sans les inconvénients », estime le soignant, pour qui le télétravail doit absolument être « choisi et non subi ».

Plus qu’un enjeu de santé au travail, c’est un enjeu de santé publique, prévient Sophie Prunier-Poulmaire. « Les risques psychosociaux ont la particularité de se développer de manière insidieuse, l’enjeu est donc de les prévenir, plutôt que de se retrouver en quelques années avec tout un pan du burn-out. Pour cette raison, il ne suffit pas de proposer des sièges ergonomiques aux salariés qui travaillent à domicile ou d’activer des permanences téléphoniques pour leur permettre de se confier à des psychologues. Il faut se poser la vraie question : comment organiser le travail demain en préservant au mieux la santé physique et mentale des salariés ? « 

Un salarié sur cinq télétravaille régulièrement

En 2021, 22 % des salariés français ont eu recours au télétravail au moins une fois par semaine. Parmi ceux-ci, 44 % ont télétravaillé 100 % et 56 % seulement une partie de la semaine.

Cette pratique concerne principalement les cadres. Très fréquente dans les zones densément peuplées, elle est moins fréquente chez les jeunes et les salariés des petites entreprises.

Un salarié sur deux exerce un métier où le télétravail n’est pas pratiqué.

Source : Insee focus, mars 2022.

Comment supporter le télétravail ?

Télétravail : comment concilier vie privée et vie professionnelle ?

  • Définissez vos heures de travail à l’avance.
  • Inventer de nouveaux rituels.
  • Aménagez un espace dédié au travail.
  • Établissez des règles avec vos proches.
  • En vidéo : Attention à vos enfants !
  • Ignorez toutes les distractions.

Qui contrôle le respect du télétravail ?

À ce titre, l’employeur a le droit de surveiller l’activité des employés à distance de la même manière que sur place. Cependant, tous les droits ont des limites. Quelles que soient les conditions d’activation du télétravail au sein de votre entreprise, il y a des règles à respecter. Selon l’article L.

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Quelles sont les trois caractéristiques essentielles du télétravail ?

Pour être considéré comme télétravailleur, 4 conditions doivent être remplies : La personne doit avoir le statut de salarié La personne doit impérativement travailler grâce aux technologies de l’information et de la communication. Les modalités d’exécution des travaux doivent être régulières.

Quelles sont les conditions du télétravail ? Accord entre l’employeur et le salarié L’employeur et le salarié peuvent, à tout moment, convenir d’utiliser le télétravail. Ils formalisent leur accord par tout moyen. en cas de circonstances exceptionnelles (menace d’épidémie par exemple), le télétravail peut être imposé sans l’accord des salariés.

Est-ce que je peux rester en télétravail ?

Le télétravail peut être demandé par tous les salariés et par tout moyen (e-mail, demande orale, etc.). Aucun délai de préavis n’est requis. Mais mieux vaut anticiper pour bien organiser le travail. L’employeur peut refuser la demande du salarié, mais doit justifier sa réponse (tâches incompatibles, etc.)