Comment parvenez-vous à alimenter ce dispositif en énergie ?
L’autonomie du dispositif était une question centrale. Le panneau solaire était une solution, mais dans un milieu naturel très ombragé, la lumière n’aurait pas été suffisante. Nous avons donc développé une technologie solaire avec un partenaire local qui ne nécessite que quelques rayons de lumière pour fonctionner. Ces panneaux solaires uniques sont eux-même constitués de matériaux recyclés.
Comment les sons de la forêt sont-ils analysés ?
Nous avons d’abord collecté les sons spécifiques lorsqu’il il y a un abattage : les tronçonneuses, les motos, les camions etc… Le téléphone compare ensuite la fréquence de ces archives sonores aux sons détectés sur place, grâce à un logiciel intégré. Il les transmet à un système dans le Cloud qui complète l’analyse. S’il s’avère qu’un abattage est détecté, le téléphone envoie automatiquement une alerte aux autorités locales grâce à des textos ou des messages push. Actuellement nous nous trouvons au Brésil, et nous mettons en place un système d’appel direct afin que les gardes-forestiers ne manquent aucune alerte !
Êtes-vous capable de détecter d’autres types de data qui puissent protéger la forêt ?
En effet ! À terme, notre projet est de répertorier tous les sons naturels de la forêt afin de les analyser. Selon nous, l’abattage affecte la biodiversité dans son ensemble, ce qui n’est pas immédiatement mesurable. En documentant l’empreinte sonore de la forêt et de sa faune (singes, oiseaux, insectes etc…) nous voulons rendre compte des changements causés par l’action humaine sur la biodiversité. Nous voulons ainsi attirer l’attention du public sur la nécessité de préserver cet équilibre naturel. Après l’Indonésie et le Cameroun, l’Amazonie est un nouveau challenge pour nous. Depuis peu, nous travaillons avec un peuple autochtone, les Tembé, qui vivent sur un territoire de 6 000 km2 dans l’Etat brésilien du Pará. Depuis de nombreuses années, les Tembé tentent de protéger leur territoire du déboisement forcené à l’aide de patrouilles organisées. Mais c’est une bataille perdue pour eux. Les villages du Nord et du Sud s’étendent vers l’intérieur des terres, et le gouvernement ne leur apporte aucune assistance. Nous allons donc tenter de les aider en balisant les zones les plus sensibles de détecteurs.
Dans chaque pays, nos partenaires locaux sont différents. Notre technologie est évolutive et accessible à tous en open source. Lire aussi : Petits prodiges d’aujourd’hui, grands innovateurs de demain. À terme, nous voulons permettre au plus grand nombre de construire ce dispositif afin de préserver les forêts du monde entier !
Plus d’informations sur rfcx.org et sur la page Kickstarter dédiée.
Par Miléna Salci
Crédits Photos : Rainforest Connection (CC by SA-2.0)
voir le reportage diffusé dans Futuremag