La Commission européenne a autorisé l’Espagne et le Portugal à fixer les prix du gaz et de l’électricité. La mesure réduira la facture énergétique et limitera l’inflation. Une dérogation qui ne s’applique pas à la France.

L’Union européenne a autorisé une dérogation au prix de l’énergie qui s’appliquera à l’Espagne et au Portugal et permettra sa réduction. Les deux pays de la péninsule ibérique pourront fixer le prix de l’électricité et du gaz pour les familles et l’industrie.

Cette dérogation exceptionnelle de Bruxelles sera valable un an et intervient après un accord préliminaire donné, lundi 9 mai, par la Commission européenne, comme l’indique Le Monde. La France ne bénéficiera pas de la même autorisation.

L’avantage est significatif, car cela permettrait aux deux pays de réduire significativement leurs factures énergétiques. En effet, Madrid et Lisbonne s’attendent à ce que le mécanisme provoque une baisse de 25 à 30 % de ce dernier, selon Europe 1.

Le marché bousculé par l’Ukraine et la Russie

Le marché bousculé par l’Ukraine et la Russie

Les règles européennes actuelles prévoient que le prix de ces deux énergies en Europe corresponde à celui du marché mondial. Cependant, cela a été interrompu par la guerre en Ukraine. L’invasion russe a fait exploser le prix du gaz et donc aussi celui de l’électricité. Si ces prix sont liés et évoluent ensemble, c’est parce qu’une partie de l’électricité est produite par des centrales à gaz.

Dans l’ensemble de l’Union européenne, les prix de l’électricité sont indexés sur les prix du gaz. Mais l’exonération accordée permettra aux deux Etats de baisser le prix du gaz et ainsi de produire de l’électricité moins chère.

La mesure pourrait réduire les factures et limiter la hausse des prix dans les deux pays, un effet non négligeable. Mais l’inflation est aussi une préoccupation majeure pour les Français et pour le gouvernement, qui a parfois dû offrir une aide ponctuelle.

Pourquoi cette exception ?

Pourquoi l’instance européenne accorde-t-elle cette exception aux deux pays de la péninsule ibérique ? Car leur situation géographique est particulière : elles ne sont reliées qu’à la France. L’Espagne et le Portugal manquent d’interconnexions avec le reste de l’Europe et ne peuvent pas bénéficier d’autres sources d’énergie, par exemple du nord du continent.

Ce n’est pas le cas de la France qui exporte et importe de l’électricité vers cinq pays de l’Union européenne (Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Suisse, en plus du Royaume-Uni). Dès lors, elle ne pouvait prétendre à la même mesure pour sortir du marché unique de l’électricité.

Le poids des énergies renouvelables produites localement dans la péninsule ibérique est important. Et ses interconnexions avec le reste de l’Europe, via la France, représentent une petite partie de sa capacité énergétique et sont bien loin des recommandations de Bruxelles pour 2030, note Le Monde.

Selon RTL, la même mesure pourrait être appliquée en France : elle devrait recourir à sa production nucléaire à bas coût pour baisser les prix et ne pas rester sur le marché, mais cela nécessiterait de produire plus et de ne pas importer plus, ce qui ne serait pas si simple et, surtout, les exposerait à des risques de pénurie.