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Énergie

Énergie : dans quelle mesure le biogaz peut-il remplacer le gaz russe ?

Par SudOuest.fr avec AFP Publié le 30/04/2022 à 12h27 Mis à jour le 30/04/2022 à 12h27

Issu des déchets alimentaires, du lisier ou des cultures sur mesure… le biogaz, déjà prisé face au réchauffement climatique, pourrait connaître une nette accélération sur fond de crise énergétique européenne. Mais combien peut aider à remplacer le gaz russe ?

Le biogaz ou gaz vert est produit par la fermentation de matières organiques : effluents d’élevage, résidus de cantines ou d’usines agro-alimentaires, boues de stations d’épuration… Le méthane dégagé est utilisé pour produire de l’électricité et de la chaleur, ou est injecté dans le fossile réseaux de gaz naturel. Il permet de se chauffer, de cuisiner, de rouler (bioGNV), mais contrairement au gaz naturel, il est renouvelable, et évite 80 % des émissions de gaz à effet de serre, selon la société Carbone 4.

Les agriculteurs peuvent réaliser des projets, avec d’immenses réservoirs « yourtes » au cœur des fermes. Il y a aussi des usines qui traitent des biodéchets de métropole, comme à Paris prochainement, ou encore des sites exploités par des industriels.

Le biogaz souffre de coûts de production élevés : l’État français l’a récemment acheté 5 à 10 fois plus cher que le gaz naturel. Mais c’est moins vrai depuis la hausse des prix des gaz fossiles. La filière, une fois pleinement développée, entend réduire les coûts par l’impact de la quantité, de la numérisation… Elle plaide aussi les services rendus : déchets valorisés, emplois, revenus agricoles, résidus d’engrais, etc.

Europe cherche gaz local

L’UE a consommé environ 400 milliards de m³ de gaz en 2021, soit 23,7% de ses besoins énergétiques, dont plus de 45% importés de Russie, selon Eurostat. A voir aussi : Tutos géniaux autour d’Arduino.

Le biogaz fournit 18 milliards de m³, selon l’Association européenne de la biomasse (EBA). Bien que l’UE veuille se passer de Moscou, le secteur se dit « prêt à fabriquer 35 milliards de m³ d’ici 2030 », soit 10% de la demande actuelle et plus de 20% des importations russes.

D’ici 2050, ce potentiel peut tripler pour atteindre plus de 100 milliards et couvrir 30 à 40 % de la demande future de gaz, selon l’ABE, dans un contexte où la consommation de gaz va fortement baisser, passant au profit de l’électricité et de l’efficacité énergétique, pour réchauffement sous contrôle.

Les estimations de l’ABE sont basées sur « une partie des matériaux durables disponibles » (résidus et déchets, eaux usées, cultures de couverture, etc.). Cependant, tous les pays n’en sont pas au même point.

Voir l’article :
Publié le 25/09/2022 20:42 Mis à jour le 25/09/2022 20:42C. Becwort, M.…

Situations variées

En France, le biogaz fournit 1 % de la consommation de gaz (2 % attendus en 2022). L’Etat vise 10% en 2030 et le secteur estime qu’il peut atteindre 20%, couvrant l’ensemble des importations russes, « si les mécanismes de soutien sont stabilisés ». A voir aussi : Des microalgues dans nos moteurs.

Avec cette crise, « il y a un nouvel appel, et force est de constater que le travail s’est accéléré », note Robin Apolit, du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Un décret est sorti mardi pour obliger les fournisseurs de gaz à incorporer une quantité minimale de gaz vert ; le SER espère l’appliquer à partir de 2025.

Sauf qu’en France, le gaz représente 15 % de l’énergie. Changement de cadre en Allemagne, où il est à 26%, russe pour plus de la moitié. Engagé dans la méthanisation depuis les années 2000, le pays est le leader européen, avec la moitié des méthaneens. Or, le biogaz ne représente que 1 % du gaz consommé.

Son utilisation y ralentit depuis 2014 pour des raisons environnementales, également décriées car fondées sur des cultures alimentaires engagées. Avec la guerre en Ukraine, Berlin a exprimé sa volonté de relancer le secteur, ce qui lui donne envie de changer de modèle.

Ailleurs, l’incorporation du biométhane dans les réseaux de gaz se développe également au Royaume-Uni, en Italie, aux Pays-Bas et au Danemark. Elle est balbutiante en Irlande, en Espagne, en Belgique…, parfois encore inexistante, comme en Pologne.

Des limites à l’expansion

La ressource n’est pas infinie. Pour protéger les terres et la sécurité alimentaire, des réglementations restreignent déjà l’utilisation de cultures spécialisées, par exemple en France. En Allemagne, 14% des terres agricoles sont déjà utilisées pour la production d’énergie…

Cette croissance entraîne parfois aussi des problèmes de voisinage, des problèmes d’intégration dans le paysage. L’association Wellfarm vient d’écrire aux opérateurs gaziers français pour les mettre en garde contre le bien-être animal, craignant, comme l’avait fait précédemment un rapport parlementaire,  » qu’en recherchant une performance maximale des effluents, certains éleveurs ne soient tentés de restreindre leur élevage  » :  » la vache des prés pourrait devenir un vague souvenir ».

Le gaz travaille sur d’autres pistes, notamment sur des technologies de compression puis de chauffage des déchets inexploitables actuellement. Les exposants existent surtout aux Pays-Bas.

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