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Économie

En Europe, la diaspora russe fait les frais des sanctions économiques

En Europe, la diaspora russe fait les frais des sanctions économiques

Olga (1) n’est ni oligarque ni proche des cercles du pouvoir. Basée à Tallinn, en Estonie, cette jeune et discrète expatriée russe de 26 ans avait prévu depuis janvier d’envoyer chaque mois un peu d’argent à sa mère, mère célibataire en difficulté financière restée à Saint-Pétersbourg. Mais peu après l’invasion de l’Ukraine par les forces russes fin février, les cartes bancaires d’Olga cessent subitement de fonctionner et les transferts depuis et vers la Russie sont systématiquement bloqués. « Les premiers jours ont été très difficiles, j’étais très inquiète pour ma mère, rappelez-vous, je n’arrêtais pas de penser : et s’il lui arrivait quelque chose et que je ne pouvais pas lui envoyer d’argent ? »

Impossibilité d’utiliser leurs cartes bancaires, virements refusés, salaires et mutuelles bloqués, crédits suspendus… En Europe, de nombreux membres de la diaspora russe alertent, depuis plusieurs mois, sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés depuis les sanctions institutionnelles ciblées dans leur pays de.

« La seule solution, c’est de retourner en Russie »

Le 28 février, l’Union européenne a décidé d’exclure plusieurs banques russes du système de messagerie bancaire Swift, qui protège les échanges financiers. Un choix qui complique grandement les transactions et la possibilité d’échanger des capitaux à l’international. Cela a été bientôt rejoint par les décisions d’American Express, Visa, MasterCard, PayPal et Revolut de mettre fin à leurs opérations en Russie.

« Certaines personnes ne peuvent plus accéder à leurs fonds dans les banques russes », explique Yamina Tajeddine Fourneyron, professeur d’économie à l’université de Lorraine. Pour ces personnes, ajoute le chercheur, « la seule solution est de retourner en Russie pour retirer leurs avoirs des banques ».

Moins de 400 kilomètres séparent Saint-Pétersbourg de Tallinn. Olga, qui s’est depuis engagée dans des associations d’aide aux Ukrainiens, décide alors de faire le déplacement. « Je suis retournée en Russie pour solder mon compte bancaire et déposer de l’argent pour ma mère », raconte-t-elle, encore ébahie par ce nouveau mode de vie. Elle fait désormais le trajet régulièrement, ballottée sur la banquette arrière du bus qui relie les deux villes, quelques ballots coincés dans le creux de sa veste. Les interminables heures passées à la frontière strictement contrôlée depuis le début de la guerre ne sont pas un obstacle suffisant pour saper sa détermination à protéger sa mère de la misère.

Exigences contractuelles floues

Mais pour les Russes vivant plus loin en Europe, ces allers-retours ne sont pas une solution facile. La cosmétologue Polina (1) est arrivée à Florence quelques jours avant le début de la guerre pour rejoindre son petit ami de la capitale toscane. « La situation est vraiment très compliquée, explique amèrement la jeune femme de 27 ans, je n’ai plus accès à mon argent et les banques italiennes refusent d’ouvrir un compte avec mes cartes russes. Pour lui permettre de vivre plus ou moins normalement, son amie lui a donné une de ses cartes bancaires italiennes avec laquelle Polina peut payer l’épicerie et le loyer. Une solution qui la place dans une dépendance désagréable vis-à-vis de son partenaire.

« Ces populations sont les victimes collatérales du système de sanction qui ne les a pas ciblées à la base. Ils se retrouvent dans des situations dramatiques », s’inquiète Yamina Tajeddine Fourneyron. D’autant que la base légale sur laquelle s’appuient les banques pour décider de bloquer ces comptes n’est pas très claire. » Les citoyens russes, non soumis au gel des avoirs et les résidents (en a) pays de l’Union européenne, ont la possibilité d’ouvrir un compte dans un établissement français ou européen, et de bénéficier des services de paiement associés, dès lors qu’ils répondent aux exigences contractuelles de l’établissement », indique ainsi la Banque de France, sans précisant les contours de ces « exigences contractuelles ».

« Discriminations flagrantes »

Les restrictions rencontrées par les citoyens russes « sont arbitraires et abusives », juge Michel Guillaud, président de l’association de défense des usagers des banques France Conso Banque, dénonçant le zèle des instances bancaires qui, de manière discrétionnaire, ont établi des règles très contraignantes . pour les personnes liées aux banques russes. « Le simple fait d’être russe est désormais un facteur potentiel de culpabilité », poursuit-il, estimant qu’on assiste à « une sortie de l’Etat de droit ».

Face à ces exactions, « il faut aller porter plainte », suggère Yamina Tajeddine Fourneyron. En France, un comité d’environ 500 personnes envisage de saisir la justice. Près de 3 500 personnes ont déjà signé une pétition en ligne adressée au ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire. Les pétitionnaires, choqués par les restrictions massives et le blocage de leurs comptes bancaires, appellent le gouvernement à « mettre fin à cette discrimination flagrante fondée sur l’origine nationale ».

Quelles sont les sanctions russes contre l’Europe ?

L’accord final prévoit également : l’exclusion de trois banques russes du système financier international Swift, dont la plus grande du pays, Sberbank ; de nouvelles sanctions contre plus de 80 hauts fonctionnaires soupçonnés d’être proches du Kremlin ; l’arrêt des émissions de trois médias contrôlés par Moscou.

Quelles sont les sanctions de l’UE contre la Russie ? Résumé des principales sanctions et mesures de l’UE contre la Russie :

Quelles nouvelles sanctions Russie ?

En juin 2022, le Conseil a adopté une sixième série de sanctions interdisant notamment l’achat, l’importation ou le transfert de pétrole brut et de certains produits pétroliers de la Russie vers l’UE.

Est-ce que les sanctions fonctionnent ?

Œuvres? Il est essentiel de rappeler que ces sanctions ne sont efficaces que lorsqu’elles sont combinées, de manière stratégique, avec d’autres outils, tels que la diplomatie, la médiation, la dissuasion militaire, le recours aux tribunaux…

Comment les sanctions internationales sont-elles appliquées ? Les sanctions internationales sont des décisions prises par des États et des organisations telles que les États-Unis, l’Union européenne (UE) et les Nations unies (ONU) contre d’autres États pour des raisons essentiellement politiques, de manière unilatérale ou multilatérale.

Est-ce que les sanctions contre la Russie sont efficaces ?

Vladimir Poutine n’est pas concerné par les sanctions Il est vrai que les exportations de pétrole en 2021 représentaient environ 53 % des recettes d’exportation russes, dont plus de la moitié est allée à l’Europe. Mais les grands clients comme la Chine et l’Inde n’ont pas imposé d’embargos.

Pourquoi les sanctions contre la Russie ?

Depuis le 17 mars 2014, l’Union européenne a mis en place des sanctions contre la Russie en réponse à l’annexion de la Crimée. Ces premières sanctions visent 21 personnalités russes, leur interdisant de se rendre dans l’Union européenne et gelant leurs avoirs financiers.

Comment s’applique les sanctions internationales ?

Les sanctions financières internationales sont un instrument de la politique étrangère française. A l’égard des personnes physiques ou morales ou entités, les sanctions visent notamment à imposer le gel des fonds, avoirs et ressources économiques, ainsi que de leurs transactions financières ou commerciales.

Qui applique les sanctions internationales de l’UE ? Les sanctions de l’UE sont décidées par le Conseil européen : chaque membre du Conseil doit convenir à l’unanimité des mesures de sanction avant que la législation d’application puisse être rédigée.

Qui fait appliquer les sanctions internationales aux États-unis OFAC ?

L’OFAC est une division du département du Trésor américain qui administre et applique les sanctions commerciales et les restrictions économiques basées sur la politique étrangère américaine et les objectifs de sécurité nationale contre les régimes et pays étrangers, les terroristes, les trafiquants de drogue…

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