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, 9 juillet 2022

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20h13

, 9 juillet 2022

Ils enseignent l’économie et sont membres du Cercle des économistes. A l’occasion de la 22e édition des Rencontres d’Aix-en-Provence sur le thème « Réussir la transformation du monde », ils ont identifié les réponses indispensables à apporter à une planète en état d’urgence économique, en quête de à la fois des changements immédiats et des transformations à long terme. Elles nous parlent de la fragmentation française, nous livrent leurs recettes pour parvenir à l’égalité hommes-femmes, et nous expliquent ce qui distingue les femmes économistes de leurs collègues.

Famine, inflation galopante, les risques mondiaux se multiplient. Sont-ils d’une ampleur sans précédent ?Françoise Benhamou (F.B.) : Nous vivons une époque singulière où quatre risques se croisent : la guerre, l’affaiblissement de nos démocraties, une crise sanitaire en cours et le climat. Et ils ont tous un impact économique. Akiko Suwa-Eisenmann (A.S.-E.) : Le monde a déjà connu des épisodes de guerre, de famine et de pandémie. Ce qui est frappant et inédit, c’est le retour de la guerre en Europe à un moment où il y a urgence à prendre des décisions pour lutter contre le changement climatique. Dans l’agriculture par exemple, nous sommes confrontés à des injonctions contradictoires : pour assurer la sécurité alimentaire, faut-il reconquérir des terres non cultivées et utiliser plus de pesticides puis renoncer à terme à conserver ? Ou réduire les subventions aux biocarburants pour récupérer des terres pour l’alimentation ?

Quel est le risque énergétique ? A.S.-E. : Les sanctions européennes contre la Russie ont contribué à augmenter les prix du pétrole et du gaz, laissant les revenus russes pratiquement inchangés. Et la hausse des prix de l’énergie dans les pays importateurs, comme la France, agit comme une taxe sur les consommateurs et pourrait les amener à terme à modifier leurs comportements et à accélérer leur transition écologique. .

En France, le risque, c’est moins la fragmentation que la polarisation

Ce contexte fait-il de la France un pays plus fragmenté que les autres ?

Hélène Rey (RH) : Non. Les États-Unis, par exemple, connaissent une profonde fragmentation. Les Américains sont divisés sur les armes à feu, l’avortement, les inégalités ou la couverture médicale. Un quart d’entre eux pensent que Trump a été réélu et vit dans une réalité alternative. Les Français sont moins divisés mais il y a des polarisations importantes, alimentées par des discours extrémistes.F.B. : Ce qui nous oppose vient du fait que nous avons longtemps vécu avec des valeurs universelles qui rencontrent aujourd’hui de nouvelles valeurs comme la diversité. Comment notre passion pour l’égalité se heurte au concept d’équité. A.S.-E. : En France, le risque est moins de fragmentation que de polarisation. Il est facile de schématiser l’opposition. Il serait préférable de montrer les points d’accord et ce qui compte dans les points de désaccord. Ce travail est indispensable en politique, dans les médias et dans notre vie quotidienne. Nous devons engager le débat.