Malgré des prix inférieurs à ceux du marché, plusieurs dizaines d’appartements neufs du programme « Chapelle International » dans le 18e arrondissement de Paris ne se vendent pas.

Des appartements avec vue sur le Sacré-Coeur et une ferme urbaine… dans le quartier le moins connu de la capitale. Bienvenue dans le nouveau lotissement Chapelle International, un jalon vertical dans la « métamorphose » promise du 18e arrondissement de Paris.

De sa terrasse en bois couverte de lierre, Aurélien Fonteneau n’entend pas les voitures sur le périphérique tout proche, ni les badauds déambulant rue de la Chapelle, où voitures, camions et vendeurs de cigarettes se croisent.

D’abord hésitant à cause de l’image « pas forcément évidente » du quartier, le trentenaire a changé d’avis en visitant ce trois pièces clair et « liké » acheté avant l’été « un peu moins de 9000 euros ». au mètre carré », en dessous du prix moyen du 18ème arrondissement.

43% de logements sociaux

La réputation de cette porte d’entrée du nord de Paris continue d’être marquée par la « colline du crack », qui a été démantelée fin 2019, et par les campements de migrants qui s’étaient installés le long du périphérique.

Avec ses tours modernes, son école et sa ferme urbaine, « Chapelle International va redorer l’image de ce quartier encore trop mauvais », promet le maire PS du XVIIIe siècle, Eric Lejoindre. Sorti de terre sur une ancienne friche ferroviaire, le nouveau lotissement a été conçu pour allier « haute qualité environnementale » à « valeurs sociales et inclusives », explique la directrice de l’aménageur de l’espace ferroviaire, Fadia Karam.

Sur les 1 117 logements qui feront partie à terme du nouveau lotissement (dont 43 % de logements sociaux), plus de 900 sont déjà réalisés. Mais tous n’ont pas encore trouvé preneur.

Une sécurité qui « s’est à nouveau beaucoup dégradée »

Locataire depuis décembre 2020, Léa (prénom changé) cherche déjà à quitter le quartier. « Sur le papier, c’est un beau projet », explique la jeune femme de 36 ans sous condition d’anonymat dans le hall de son immeuble. « Mais la sécurité, qui s’était améliorée, s’est à nouveau fortement détériorée. »

Même son de cloche avec son voisin Arnaud Siduron, qui a déménagé à Chapelle International il y a un an et demi. « Ma copine n’aime pas retourner seule dans ce quartier le soir. On cherche ailleurs », raconte le jeune homme de 27 ans.

Du côté de l’opposition municipale, Rudolph Granier, conseiller LR de Paris élu dans le 18e arrondissement, défend la « concrétisation à outrance » d’un « point d’affaire » où il est « encore compliqué de se promener ».

« Un quartier magnifique, en devenir »

« C’est un quartier magnifique, en cours de création, qui a encore des difficultés », méprise Emmanuel Grégoire, le premier adjoint au maire de Paris, notamment en charge de l’urbanisme. « Ce sera un quartier dynamique dans seulement cinq ans. »

Selon lui, Chapelle International connaîtra « trois grands accélérateurs » dans les mois à venir : le campus Condorcet, qui regroupera plusieurs établissements d’enseignement supérieur ; l’Arena, futur site des Jeux Olympiques de 2024 ; et renouveler l’axe qui mène au centre de la capitale, avec l’aménagement d’une piste cyclable permanente.

Face à une place que les enfants du quartier commencent à s’approprier, Valérie Grévin loue un local commercial et un petit appartement à l’étage « pour près de la moitié du prix qu’ailleurs à Paris ». « C’est ce qui m’a convaincue au début. Et puis finalement, c’est très agréable de travailler ici, il y a de la vie le jour. Le soir, c’est quand même un peu triste », raconte Valérie Grévin, qui fabrique des uniformes d’hôtellerie dans son atelier.

Pour le maire du XVIIIe siècle, « dans chaque lotissement il y a la partie urbaine et, derrière elle, l’esprit du quartier, qui met un peu plus de temps à s’installer ». « Ici », assure Eric Lejoindre, « une nouvelle page s’écrit ».

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