Lors de l’examen de fin d’études en sciences économiques et sociales de 2022, plusieurs questions semblaient inciter les étudiants à prôner le néolibéralisme. Les réformes de l’enseignement public en sont la cause, selon le coprésident de l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales.

Les examens d’économie et de sciences sociales (SES) du jeudi 12 mai pour l’obtention du diplôme ont suscité l’indignation en ligne cette année. Un peu moins de 140 000 élèves de terminale ont passé les 11 et 12 mai de 14h à 18h les tests de spécialisation SES, reportés en raison de la reprise de l’épidémie de covid. Depuis la réforme des diplômes de 2021, pilotée par le ministre Jean-Michel Blanquer, les épreuves écrites de spécialité comptent pour 32 % de la note finale.

Ce jeudi, les lycéens ont choisi entre une dissertation dont le sujet était le commerce international et deux épreuves complexes. La polémique s’est cristallisée autour du sujet B de l’épreuve composite, composé de trois questions devant mobiliser les connaissances du candidat : ​​« Par deux arguments, montrer que le travail est source d’intégration sociale. « ; » A partir d’exemples, vous montrerez que l’innovation peut aider à repousser les limites écologiques de la croissance « ; » Par exemple, vous montrerez que l’action gouvernementale pour la justice sociale peut avoir des effets néfastes. que l’approche en termes de classes sociales, le bilan de la société française, peut être remis en cause. »

« Les étudiants n’ont pas le temps de répondre de manière nuancée »

Solène Pichardie est co-présidente de l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apse). L’association souhaite conserver l’épreuve de dissertation, « car c’est la seule épreuve qui permet aux étudiants un peu plus de réflexion personnelle et de nuance », précise la coprésidente. Apses souhaite toutefois une évolution sous forme d’examens, notamment dans le cadre de l’épreuve composite : « Les élèves n’ont pas le temps de répondre de manière nuancée. De plus, cette partie est particulièrement problématique car elle repose principalement sur la mobilisation des connaissances, ainsi que sur la formulation sans ambiguïté de la question, comme dans « montrez-le » plutôt que « vous vous demanderez si vous le ferez ». Cette partie interdit donc à l’élève toute réflexion personnelle et ne lui permet pas de mener la discussion.

Alors que l’Apse se bat à la fois pour une révision des diplômes et une révision des programmes, le coprésident estime que le scandale des matières spéciales SES repose aussi sur le problème fondamental des « programmes scolaires qui donnent l’impression qu’il n’y a pas de débat ». Depuis la mise en place de la réforme scolaire de Jean-Michel Blanquer, les programmes scolaires, y compris les programmes SES, ont changé. Solène Pichardie, enseignante à l’Académie de Rennes, explique : « A SES, les programmes de première année évacuent de nombreux enjeux économiques et omettent le pluralisme, alors qu’en tant qu’enseignants ou scientifiques nous aimerions avoir plus de débats dans le domaine économique. »

« On ne s’approchera jamais de la croissance au cours de l’année »

Du côté des étudiants de dernière année, le chapitre sur la croissance économique est particulièrement polémique : « Ce chapitre traite surtout des sources de la croissance, et très peu des frontières, précise Solène Pichardie. Interrogée sur l’innovation dans la lutte contre les contraintes environnementales dans le cadre d’événements spéciaux, elle a noté que le programme SES « donne l’impression que l’innovation va repousser les limites de la croissance ». « Pendant l’année, nous ne serons jamais impliqués dans la croissance, et les questions environnementales reposent uniquement sur l’innovation. Donc, on voit que le problème vient du cursus scolaire parce que ce dernier ne va pas au-delà de cette problématique », ajoute-t-il.

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