Rarement, le Premier ministre chinois Li Keqiang vient de dresser un bilan sombre de l’économie nationale, mise à mal par les restrictions anti-Covid et l’instabilité mondiale avec la guerre en Ukraine. Selon lui, l’Empire du Milieu vit un « moment critique » car il fait face à des difficultés « encore plus grandes qu’en 2020 ».

En mai, la Chine a même révélé sa pire performance économique en deux ans, avec une consommation au plus bas et un chômage proche de son plus haut niveau historique.

«Nous sommes maintenant à un moment critique, qui déterminera la tendance économique pour toute l’année. Nous devons profiter de cette fenêtre d’opportunité pour remettre l’économie sur les rails », a-t-il déclaré. En effet, ce ralentissement économique depuis le début de l’année met en péril l’objectif de croissance d’environ 5,5% fixé par Pékin. « Depuis mars et plus encore depuis avril, les indicateurs économiques de l’emploi, de la production industrielle, de la consommation d’électricité et du transport de marchandises ont connu une nette baisse », a reconnu le Premier ministre lors d’une téléconférence devant des milliers d’élus locaux.

Xi Jinping fragilisé

Xi Jinping fragilisé

Des faux pas qui tombent au mauvais moment pour Xi Jinping, qui sera réélu à la tête du Parti communiste chinois (PCC) à l’automne. Lire aussi : Aujourd’hui l’économie – Les priorités économiques du président réélu. Pourtant, l’homme fort de Pékin puise sa légitimité depuis des années grâce à l’augmentation continue du pouvoir d’achat de la population.

Mais avec la politique « Covid zéro » mise en place par le régime pour limiter le nombre de morts, des critiques se sont élevées tant pour dénoncer le confinement rigoureux des populations que cette option politique qui a conduit à la fermeture de nombreux commerces, usines , déplacements à l’intérieur du pays… Même si le confinement semble un peu s’assouplir à Shanghai, ses 25 millions d’habitants sont toujours soumis à des restrictions strictes. De son côté, Pékin a renforcé ses mesures anti-Covid.

A cela s’ajoute l’instabilité de la situation mondiale avec notamment la guerre en Ukraine avec un ralentissement de la croissance en Europe et l’apparition de nouveaux défis comme la crise énergétique ou le retour d’une inflation élevée. Si en 2020 la Chine a réussi à inverser rapidement la tendance baissière de certains indicateurs économiques grâce au contrôle strict de l’épidémie et à la reprise rapide du travail, cette fois les enjeux sont un peu différents.

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« Davantage d’efforts doivent être déployés »

Le Premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré que le développement était essentiel pour « résoudre tous les problèmes en Chine » et a exhorté « une action rapide maintenant pour ramener l’économie à la normale ». Sur le même sujet : Croissance, travail et rôle de l’État : un baccalauréat en économie sous le signe du néolibéralisme.

« Davantage d’efforts doivent être déployés pour aider les entités du marché à soutenir l’emploi et les moyens de subsistance des personnes, assurer une croissance économique raisonnable au deuxième trimestre et réduire le taux de chômage dès que possible », a-t-il déclaré, ajoutant que 33 mesures avaient été prises pour stabiliser l’économie. lors d’une récente réunion de l’exécutif du Conseil d’État.

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Il a donné l’ordre aux services gouvernementaux de mettre en place des mesures concrètes d’ici la fin mai, et le Conseil d’Etat va envoyer aujourd’hui des équipes spéciales dans douze provinces pour superviser le travail local… Autrement dit, Pékin prendra directement les choses en main. Les gouvernements locaux devront apporter leur aide, favoriser les prêts aux entreprises, baisser les taux d’intérêt pour les prêts de démarrage, ou encore favoriser l’arrivée de nouveaux capitaux étrangers. Pour les autorités, les résultats devraient être visibles dès le second semestre de cette année.

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