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Culture numériques

Bruno Devauchelle : Est-ce une base numérique ?

Bruno Devauchelle : Est-ce une base numérique ?

Lorsqu’un nouveau ministre entre en fonction, on peut s’attendre à une approche un peu plus visionnaire des enjeux numériques que son prédécesseur. En effet, pour celui-ci, ce qui est fondamental c’est l’informatique, le code est considéré comme un langage, bref, la plupart des dimensions du logiciel. Cependant, l’analyse des pratiques courantes montre que celle-ci ne prévaut pas dans le nécessaire apprentissage sur et autour des technologies numériques. Car le numérique ne se réduit pas à l’informatique d’une part et d’autre part le code informatique n’est pas un langage comme les autres, alors qu’avec le numérique, le langage s’est modifié, enrichi et surtout a beaucoup changé. façons d’utiliser le numérique. Mais surtout, le numérique comprend bien d’autres dimensions sur lesquelles les enseignants se plaignent de ne pas avoir le temps de travailler, des petites classes à l’enseignement supérieur. Qu’il s’agisse de la maîtrise des usages actuels ou de l’information et de la communication par les nouveaux et anciens médias, ainsi que d’une compréhension globale de la place que l’informatique a prise dans la société et de son évolution, un enseignement « spécialisé » peut certes ouvrir des portes, mais cela ne suffira pas tant que la construction de ces compétences complexes n’est pas intégrée à la pratique quotidienne, pour qu’elle devienne « ordinaire ».

L’arrivée des ordinateurs à partir du début des années 1980 a essentiellement sanctifié l’intégration dans l’enseignement comme un moment « extérieur », « sur le bord », « à côté ». Il est vrai que les contraintes techniques imposées dès le départ ont mis en exergue la notion de « salle informatique » (notamment les fameux nano-réseaux, mais aussi le volume et le poids des ordinateurs de l’époque). L’évolution de l’informatique s’est caractérisée par sa capacité à « intégrer » des techniques bien antérieures à la numérisation telles que l’audio, la photo, la vidéo, la téléphonie, mais aussi les réseaux locaux puis longue distance, d’abord filaires puis sans fil. Une autre évolution de l’informatique est sa très large socialisation. Au travail, d’abord (gestion, automatisation…), puis dans l’espace social (banques, administration…), et enfin dans l’espace personnel/privé (téléphone, information… .). Le Minitel est un symbole intéressant de cette évolution, car bien avant Internet, il a apporté l’informatique dans les foyers sous la forme de terminaux gratuits mis à la disposition des clients. Il prédit ce qui se passera quelques années plus tard avec les équipements mobiles individuels. En 2020, même si l’informatique s’est étendue au numérique, elle reste encore à la périphérie de l’école pour la plupart des entreprises, des enseignants et des élèves (en particulier dans les écoles élémentaires). En revanche, cela signifie qu’il est encore difficile, en dehors des enseignements spécialisés (professionnels, techniques, spécialisation en bac général), de s’intégrer, alors que l’assimilation se fait dans ces enseignements centrés sur ordinateur. Il faut rappeler ici que les BTS en gestion et informatique, suite aux enseignements du lycée technique ne datent pas d’hier. Il est évident que l’idée fondamentale a plus de résonance dans l’enseignement technique et professionnel que partout ailleurs.

Dans une récente intervention à l’ENSSIB, Anne Cordier (Professeur des Universités) a abordé la question de la culture numérique des enfants. Alors que les recherches se poursuivent, la question de la construction culturelle avec le numérique, analysée au prisme des processus de socialisation des jeunes enfants, révèle à quel point celle-ci est « fondamentale ». Dès leur plus jeune âge, les enfants sont exposés au monde numérique dans le salon : écrans divers, smartphones, etc. Ce ne sont pas les dispositifs qui sont particulièrement en cause, mais leur utilisation dans les espaces interactionnels qui façonnent la vie familiale éducative. Parfois utilisés comme tiers relationnel, les moyens numériques concurrencent les relations directes parents/enfants. La pratique des adultes et des grands enfants à la maison est un exemple de ce qui permet aux enfants de s’acculturer au numérique, et ce dès le plus jeune âge. La période de crise sanitaire vécue entre 2020 et 2022 a fait prendre conscience de l’importance de cet équipement à domicile. D’ailleurs, on peut le voir en regardant la multiplication des actions médiatiques ou non, politiques et législatives ou non, avec ces thèmes : discours, reportages, débats, forums… Il faut bien l’avouer, socialiser les enfants par le numérique et entrer à l’école. marque l’écart parfois important que l’enseignant interroge souvent. Parce que les fondamentaux, le numérique n’étant pas tellement intégrés, la place de « lecture, écriture, calcul » est considérée comme une introduction, plus basique.

Sur le site du ministère on peut lire par exemple : « Ce qu’on attend des enfants en fin de maternelle. Utiliser des objets numériques : caméras, tablettes, ordinateurs ». Les intentions alors exprimées aux cycles 2 et 3 semblent opérer dans un sens plus large et plus explicite. Si le numérique apparaît de plus en plus dans les consignes officielles, se focaliser sur des recommandations uniquement sur le numérique l’emporte sur le fait que dans tous les textes officiels, il reste marginal et infondé. En adressant d’emblée ses recommandations vers l’informatique, le ministère a répondu à la pression du lobbying de terrain en place depuis le début des années 1980. avec TI, ils ont d’abord rejeté les questions d’utilisabilité (contre B2i) puis les problèmes d’usage. médias, information et communication. Avec la crise sanitaire et l’évolution récente du champ des pratiques de communication de l’information, ces deux éléments sont revenus sur le devant de la scène avec, d’une part, la prise de conscience de l’illettrisme (illettrisme numérique) et des fake news associées à la puissance des réseaux sociaux. Alors à quoi bon savoir coder avant de savoir déconstruire l’environnement quotidien ?

Pour un cadre numérique commun

Il est temps de développer un « cadre général » dans tous les enseignements et toutes les disciplines pour prendre en compte les phénomènes numériques et leur impact tant dans la socialisation que dans le développement techno-cognitif voire affectif et émotionnel. Ce cadre général s’appuie sur les objectifs clairement affichés d’un système éducatif qui s’est laissé marginaliser dans ce domaine. Celle-ci visera à ce que le système éducatif (qui doit aussi subir son renouvellement) s’intègre dans les intentions, les moyens, l’organisation du « temps » nécessaire pour permettre aux enfants de se développer. vivre et cela leur a été imposé. Le temps nécessaire, pendant les années scolaires, doit permettre le passage de l’acculturation sauvage à la culture du monde numérique : passer de ce que je fais à ce que nous pouvons et voulons faire, marcher en toute sécurité vers l’informatique, mais ne pas en faire la première entrée indiquer. Les enseignants qui utilisent actuellement les moyens numériques avec leurs élèves demandent qu’on leur donne le temps, au cœur de leur pratique quotidienne et de leur discipline, les moyens de pratiquer la transversalité scolaire, des élèves qui font écho à la transversalité du numérique dans la société.

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