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, 2 novembre 2022

arrêté. Oasis de verdure magique au coeur de Paris, à deux pas du Parc Montsouris (14ème), le couvent de Reille, sa « petite forêt » et sa chapelle néo-gothique, fait l’objet du rachat du couvent depuis 2018 par le promoteur In’li, un projet immobilier. L’objectif est de créer 100 logements, répartis sur trois nouveaux bâtiments, qui seront construits sur ce coin de verdure de la ville. Une ambition stoppée cet été par une décision d’Emmanuel Grégoire. Le premier adjoint au maire de Paris, chargé de l’urbanisme, a ordonné un sursis à la procédure qui gèle l’octroi du permis d’urbanisme. Et ce jusqu’à l’actuelle révision du plan bioclimatique de site (PLU), dont l’entrée en vigueur est prévue en 2024. « Certains points ne sont pas satisfaisants en l’état, notamment en ce qui concerne le respect des espaces verts et des arbres, explique-t-on au cabinet des élus. C’est un élément structurant du futur plan local d’urbanisme. » Et demandant au promoteur de revoir sa copie « pour trouver le juste équilibre entre rendre accessible le logement et préserver [la nature et le patrimoine] ». »

Au sein de la filiale du groupe Action Logement, spécialisée dans les appartements intermédiaires, cette décision surprend. « Mais ce travail est déjà fait ! Nous avons réduit l’emprise au sol de 30 % avec un programme qui est passé de 156 à 119 logements et a proposé de planter 93 arbres au lieu des 75 d’origine », explique Jonathan Albeza, directeur du programme.

Reste le nœud gordien de la contestation : dans cette nouvelle édition, sept arbres sont menacés d’abattage, 200 des 3 700 mètres carrés d’espaces verts protégés (EPV) vont disparaître. Cette EPV est également décalée de 5 mètres, mais « enrichie de 1 000 mètres carrés supplémentaires », selon In’li. « Le parking qui aujourd’hui défigure le coeur d’îlot sera remplacé par des espaces verts et des potagers, les routes goudronnées remplacées par des chemins poreux ou des pavés herbeux… » se défend le promoteur, qui s’estime « victime d’une injustice » . », a déposé une plainte à l’amiable contre la suspension des poursuites début octobre.

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Comment justifier l’abattage d’arbres ?

Pas de quoi cependant convaincre les opposants en vue du conseil de quartier, des riverains et de l’association Exemplarité14, eux aussi brûlés au printemps dernier par l’apparition d’une cuisine sombre de 24 cases dans une cour attenante à la chapelle. Abattre sept arbres et tout dépeupler ? « Relocaliser un espace vert protégé n’est pas possible sans détruire son potentiel écologique », plaide Isabelle Madesclaire, professeur d’urbanisme à la retraite et porte-parole de la commission Reille au conseil municipal. Et puis comment justifier encore l’abattage d’arbres à l’heure où la nature renaît en ville, ses vertus d’îlot de fraîcheur ? Ce serait une mauvaise interprétation. Elle prône que la ville s’approprie le site afin de renforcer l’espace vert protégé d’une part – « avec une véritable renaturation du site », prône-t-elle – et d’autre part de réhabiliter le patrimoine architectural sans extension ni nouvelle construction. . « Au lieu de toujours bétonner et compacter, pourquoi ne pas imaginer dans les 6 700 mètres carrés déjà existants et dans la chapelle une résidence collective, des ateliers de formation, des activités culturelles et associatives de l’Economie Sociale et Solidaire [ESS] ou encore un musée d’archives dédié à la un urbanisme hygiénique dans l’un des immeubles signé par un architecte phare de ce mouvement, Eugène Hénard ? Ce serait un bon moyen de refléter l’histoire du lieu qui a servi de refuge à des jeunes en difficulté pendant plus d’un siècle, tout en équilibrant les opérations. »

La relocalisation d’un espace vert protégé ne détruit pas son potentiel écologique

Jonathan Albeza répond qu' »il était prévu dès le départ de continuer et même d’agrandir le foyer, géré par une association d’aide à l’enfance, dans le couvent réhabilité ». Aux yeux du promoteur, le projet doit aussi répondre à l’un des enjeux parisiens, à savoir loger les jeunes actifs refoulés à l’intérieur des murs vers la périphérie en raison des prix exorbitants du marché. « 70 % du programme est destiné à la classe moyenne [7,5 % de logements sociaux et logements intermédiaires ou libres à loyers réduits], les 30 % restants sont gratuits », précise-t-il.